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Parfum de saison

Par Véronique Jean

25 décembre. Tu regardes ton sapin de 30 cm. Il lui manque quelques épines. Certaines branches sont cassées. Tu as décoré ton sapin d’une guirlande argentée pour qu’il paraisse plus fourni. Ton ensemble de lumières ajoute un peu de couleurs. Tu le regardes de plus près. Deux ou trois ampoules sont éteintes. Une étoile dorée brille fièrement à la tête du sapin. Il lui manque un bras.
Un seul cadeau traîne au pied du sapin sur ta table de chevet. Un seul. Elle devrait arriver dans moins de cinq minutes. Trois ans, ça se fête en grand un 25 décembre ! Tu regardes la boîte enveloppée. Tu déglutis. On sonne à la porte. Ton cœur bat la chamade. Tu lui ouvres et t’effaces pour la laisser entrer. Il y a des glaçons dans ses cheveux. Elle sent sucré, un mélange de fruits et de chocolat. Elle n’a pas de voiture, elle a dû marcher. « Elle aurait dû me le dire. Mieux vaut avoir froid à deux que seul. »
Tu l’aides à enlever son manteau. Tu n’as pas de patère. Le lit fera l’affaire. Elle est habillée d’une robe rouge scintillante qui découpe sa silhouette. Tu plantes ton regard dans le sien. Tu adores ses grands yeux verts. Ils pétillent. Il y a plus de vie dedans que dans la forêt amazonienne. Trois ans qu’ils sont à tes côtés.
Je t’aime.
Elle t’embrasse tendrement sur la bouche. Tu déposes doucement tes mains sur sa taille. Une légère neige tombe dehors. Les flocons miroitent sous la lune. Tu lui donnes la petite boîte enveloppée.
Pour nos trois ans… et peut-être plus.
Ta voix tremble et tes mains sont moites. Elle le remarque, le sourcil levé.
Elle pèle le papier d’emballage comme une orange. Il dévoile un écrin noir. Elle l’ouvre. Une bague.