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Dossiers à suivre

Sécurité des piétons handicapés visuels

Par Huguette Vigneau

En avril dernier, le gouvernement du Québec adoptait la Loi 165, loi modifiant le Code de la sécurité routière et d’autres dispositions. Pour les personnes handicapées visuelles, c’était une occasion de rappeler l’importance de mettre en place les mesures qui favorisent des déplacements autonomes et sécuritaires. Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ), avec lequel nous travaillons les dossiers nationaux, a déposé un mémoire pour rappeler les éléments clés qui permettraient des déplacements autonomes et sécuritaires des personnes handicapées visuelles. Il est question d’aménagement des rues partagées, du virage à droite sur feu rouge, de repères sonores des véhicules électriques, des carrefours giratoires ainsi que des feux sonores. Voici un aperçu de la situation et des recommandations du RAAQ.

Les rues partagées : l’aménagement des rues partagées ou de pistes multifonctionnelles peut s’avérer un obstacle majeur pour les piétons handicapés visuels. Le RAAQ le soulève dans son mémoire :

« Il importe que les voies piétonnes soient complètement isolées de la zone empruntée par les autres usagers de la route. Lorsqu'une situation d'exception ne permet pas cette ségrégation, il faut exiger au minimum l'aménagement d'une séparation physique facilement détectable par les personnes aveugles et malvoyantes. Cette séparation permettra à la personne de rester dans le corridor piéton et empêchera les autres usagers de la route de circuler sur la voie piétonne. »

Le virage à droite sur feu rouge (VDFR): Le VDFR est interdit lorsqu’il y a un feu sonore, mais lorsqu’il est permis, ces règles ne sont pas toujours respectées.
« Selon le ministère des Transports du Québec, entre avril 2003 et décembre 2014, le VDFR a causé 246 accidents. Le RAAQ demande donc de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que cessent enfin ces comportements dangereux. Une campagne de sensibilisation tant au niveau des corps policiers qu’auprès de la population en général est plus que nécessaire pour assurer la sécurité des piétons du Québec. »

Véhicules électriques : Autre préoccupation, les véhicules électriques pourraient être dangereux pour les piétons s’ils ne sont pas munis de bruiteurs.

« Réalisant les dangers que peuvent générer ces véhicules silencieux, plusieurs pays ont développé des normes d’émission de bruit pour les véhicules silencieux. Les États-Unis, chef de file dans ce domaine, travaillent à établir des standards obligeant ce type de véhicule à être équipé d’un bruiteur émettant un son respectant plusieurs barèmes bien définis. S’inspirant du standard américain, voici les caractéristiques essentielles des avertisseurs :

  • Il importe que les bruiteurs soient obligatoires sur tous les véhicules silencieux et qu'ils répondent minimalement aux exigences suivantes :
  • Production de sons faciles à percevoir, reconnaître et localiser, ne pouvant être confondus avec d'autres bruits ambiants ;
  • Des sons distinctifs pour le démarrage, l'arrêt, le recul, l’accélération et la décélération ;
  • Émission automatique d'un son tant que la vitesse du véhicule n'excède pas les 30 kilomètres/heure. Au-delà de cette vitesse, le frottement des pneus sur la chaussée et la friction de l'air sur la carrosserie produisent suffisamment de bruit pour alerter piétons et cycliste ;
  • Impossibilité pour le conducteur de désactiver le dispositif sonore.

Le Québec a le devoir, à travers son code de la sécurité routière, d’obliger les véhicules silencieux roulant sur le réseau routier québécois à émettre un son respectant les normes présentées ci-haut. Nous vous demandons cette action pour assurer la sécurité des piétons circulant sur les routes du Québec. »

Carrefours giratoires : « Quelques villes du Bas-Saint-Laurent ont des carrefours giratoires. Bien que le carrefour giratoire puisse offrir une grande sécurité aux automobilistes tout en permettant une bonne fluidité de circulation, il peut s’avérer impossible à traverser pour un piéton surtout s’il a une perte de vision. Le RAAQ recommande que les études sur de tels aménagements incluent des personnes aveugles et amblyopes. »

Les feux sonores : « La simple installation de quelques feux sonores dans une municipalité n’est pas suffisante pour garantir la sécurité des personnes aveugles et amblyopes. Comme l’ensemble des piétons, les personnes en situation de handicap visuel devraient être en mesure de savoir en tout temps lorsqu’il est sécuritaire de traverser. Pour cette raison, le RAAQ demande que la fonctionnalité des feux sonores soit intégrée aux feux lumineux dès la planche à dessin. »
Voilà quelques extraits du mémoire déposé par le RAAQ. Si vous désirez recevoir le document intégral, veuillez nous en aviser et nous vous le ferons parvenir. Le comité pour les déplacements autonomes et sécuritaires du RAAQ poursuit ses travaux.

C’est un dossier à suivre....

Référence: Mémoire concernant le projet de loi numéro 165, Loi modifiant le Code de la sécurité routière et d’autres dispositions, Remis par le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec, Rédaction : Antoine Perreault, coordonnateur du RAAQ avec la collaboration de Martin Morin, agent de promotion du RAAQ, Février 2018.