Aller au contenu

Entrevue

ENTREVUE AVEC MADAME CHANTAL COUILLARD
Par Daniel St-Pierre

Pour cette édition du journal l’Écoute, nous vous invitons à connaître un peu plus votre nouvelle présidente du conseil d’administration, Chantal Couillard.

Daniel : Bonjour Chantal. Merci d’avoir accepté cette entrevue. Nous sommes certains que les lecteurs vont apprécier apprendre à te connaître un peu plus.

D’abord, Chantal, d’où viens-tu?
Moi, je suis native de la Vallée de La Matapédia, plus spécifiquement Ste-Florence.

Quel est ton handicap visuel ?
Depuis environ 1 an et demi ou 2 ans, j’ai ce qu’on peut appeler une cécité totale. Avant cela, j’avais quand même une bonne vision. J’ai un handicap visuel de naissance qui s’est aggravé depuis quelques années suite à des décollements de la rétine et du glaucome. J’ai perdu la vue pendant la pandémie.

Daniel : Ça n’a pas dû être facile…
Oui, mais comme on dit, cela faisait longtemps que je savais que ma vision s’en allait en diminuant. Donc, il a fallu apprendre à gérer ça, mais j’étais déjà préparé à la base. Je pense que cela a aidé.

Depuis combien de temps participes-tu à l’APHV BSL ?
Je dirais le début des années 2000. Moi, je vivais à l’extérieur, je demeurais à Montréal jusqu’en 2000, et je dirais qu’on m’a fait connaître l’Association peut-être aux alentours de 2002 ou 2003. À ma mémoire, ce serait peut-être dans ce temps que j’ai commencé à participer aux activités. Cela fait donc une bonne vingtaine d’années.

Qu’est-ce que tu aimes à l’Association en particulier ?
Ça m’a fait connaître de nouvelles personnes. J’aime beaucoup les activités proposées et aussi l’entraide qu’on peut y trouver. L’échange de trucs et d’astuces pour pallier à notre handicap, je trouve que c’est enrichissant.

Je crois que tu as un chien-guide, est-ce que cela fait longtemps que tu l’as, veux-tu nous en parler un peu plus ?
Oui, j’ai un tout nouveau chien guide. Cela va faire un an que je suis sortie de Mira. En 2021, j’ai été chercher mon chien au mois de septembre, j’étais à la Fondation Mira du 12 au 24 septembre. À partir de cette date, je suis de retour à la maison, et cela va très bien avec mon chien.

Tu trouves ça comment d’en avoir un, est-ce que cela facilite tes déplacements et est-ce que c’est un gros défi ?
Je dirais que oui, c’est un défi, mais les avantages pour moi sont plus grands. Je me souviens que lors de ma perte de vision, j’ai dû réapprendre à fonctionner avec une canne. J’avais déjà eu un chien auparavant, mais en raison de la Covid, il n’y avait aucune classe qui se déroulait à la Fondation Mira. J’ai travaillé fort avec ma canne, et quand je suis allée chercher mon chien, il a fallu apprendre à faire confiance à un chien, car je n’avais plus de résidu visuel. Je trouve que mes déplacements sont plus fluides avec le chien. Quand je marchais avec une canne, souvent, j’étais prise dans toutes sortes de choses, que ce soit dans les craques dans le trottoir ou autre. Avec le chien, ce n’est pas ça, on a plus une liberté de marche.

Sinon, tu fais de la marche, mais as-tu d’autres passe-temps ?
J’aime beaucoup la lecture et je cuisine. J’aime beaucoup les rencontres familiales, les soupers entre amis et m’occuper de mon petit-fils. J’ai aussi recommencé à faire du tricot un peu. Ce sont toutes de petites activités que j’apprécie beaucoup.
Daniel : C’est quand même intéressant, je ne pensais pas qu’on pouvait faire du tricot avec une cécité totale.

Oui, mais moi je dirais que quand j’étais enfant, je suis allée dans une école spécialisée. Celle qui m’a appris le tricot était une personne qui ne voyait presque pas. Juste au toucher, trompe-toi pas dans tes mailles, car elle te le disait ! (rires)

J’ai une question un peu farfelue à te poser Chantal, si tu étais un animal, tu serais quoi ?
Un animal… J’imagine que je serais un chien, parce que je peux voir qu’après avoir fréquenté des gens à la Fondation Mira, c’est de voir tout ce que cela peut apporter un chien… que ce soit auprès des personnes autistes pour le réconfort, les personnes en fauteuil roulant pour les aider dans leur mobilité, ou nous, les handicapés visuels, avec la façon qu’ils nous guident et tout ça, c’est vraiment grand ces chiens-là. Un chien fait beaucoup pour une personne. Je crois que tu n’as pas besoin d’être un chien d’assistance, car même ceux qui ont un chien tous les jours à la maison, c’est un réconfort aussi, une présence…
Daniel : Oui, c’est vrai, cela apporte beaucoup de soutien, un chien. C’est une belle présence.

Une autre question : as-tu un projet de vie en cours ou un rêve que tu comptes réaliser bientôt ?
Toute une question… (rires). Je ne sais pas, je n’ai jamais été une personne avec de très grands rêves, comme de dire que moi je vais aller monter le mont Kilimandjaro. Je ne suis pas dans ce genre-là. Je dirais que ce serait d’être capable de continuer ce que je fais, de m’impliquer dans les groupes auprès desquels je m’implique, et de continuer à prendre soin des gens autour de moi. Pour moi, c’est beaucoup.

Je sais que tu t’impliques à l’Association, est-ce que tu t’impliques à d’autres endroits aussi ?
Oui, dans la Vallée de La Matapédia, je fais partie du conseil d’administration du transport adapté. Cela fait déjà pas loin d’une dizaine d’années que j’y suis impliquée. J’ai aussi rejoint l’an passé un groupe pour la lutte contre la pauvreté dans les MRC. Il y a un groupe de fondé dans la Vallée de La Matapédia, et il y en a d’autres dans plusieurs MRC. Je fais partie de celui de la Vallée. Je me suis surtout impliquée au niveau du comité transport de ce groupe-là.
Daniel : On découvre que tu es une femme impliquée et inspirante. Merci beaucoup d’avoir jasé avec moi, Chantal, c’était bien agréable d’apprendre à te connaître. On te souhaite bonne chance dans ton rôle de présidente du conseil d’administration, cela nous tient à cœur.

Chantal : Merci beaucoup, et comme je dis, je suis loin de connaître tous les gens de l’Association, donc au plaisir de se rencontrer et de piquer une jasette ensemble!