Entrevue

Viviane Oueko Kamga

Par Geneviève Philippe

Je vous présente une femme inspirante qui sera l’élément clé de notre rencontre régionale estivale et je parle, bien entendu, de Madame Viviane Oueko Kamga. Elle saura aviver votre curiosité des nombreux charmes de la culture africaine lors de cette journée « Découverte de l’Afrique », tout en belle énergie, qu’elle nous fera vivre en août prochain. Mais qui est donc cette femme? Voici quelques informations que j’ai récoltées lors d’une généreuse entrevue avec celle-ci.

Viviane est née au Cameroun, pays d’Afrique centrale, d’une maman couturière. Celle-ci s’avèrera une source d’inspiration notable pour la petite Viviane qui commencera à confectionner ses premiers vêtements à l’âge de 8 ans. Supportée et encouragée par ses parents dans cette passion florissante, dès ses 12 ans, Viviane s’inscrira dans une école de couture et bien d’autres formations suivront.

Quelques années plus tard, elle quittera le Cameroun pour aller s’établir en Allemagne avec son mari. Bien qu’ils aiment le pays, ils chercheront un endroit mieux ajusté à leurs besoins pour vivre avec les enfants, c’est-à-dire, un pays dans lequel les langues françaises et anglaises sont quotidiennement parlées. Leurs réflexions les mèneront à Montréal où Viviane poursuivra ses études comme conseillère en mode. Peu de temps après leur arrivée, l’époux de Viviane se voit offrir un emploi à Matane, emploi qu’il acceptera. Une fois la famille déménagée là-bas, Viviane y ouvrira son entreprise OKAVI où elle continuera de confectionner des vêtements tout en touchant à la vente et à la décoration. Ses talents culinaires et l’amour qu’elle porte à sa culture première la conduiront vers l’évènementiel où elle se retrouvera à faire du traiteur et à créer des soirées uniques à saveur africaine.

Quand je demande à Viviane à qui s’adressent les vêtements qu’elle crée, elle me répond avec la poésie d’une artiste : « Les gens me prennent souvent pour une styliste-modéliste africaine, mais je fais de tout pour les hommes, les femmes et les enfants. Mes créations sont avant tout une question de tissus : c’est lui (le tissu) qui déterminera le vêtement (…) Je ne copie rien, mais j’aime m’inspirer de tout ce que je vois et là où je m’éclate vraiment, c’est quand je crée des tenues de soirée où là, je peux complètement me laisser aller à ma créativité. »

Viviane s’amuse aussi à prendre des tissus d’ici pour ceux et celles qui aiment le confort et la beauté des tenues africaines sans y retrouver trop de motifs et de couleurs vives.

Et ce n’est pas tout! Viviane a aussi créé un organisme à but non lucratif pour pouvoir aider les autres, tout en faisant ce qu’elle aime. Je trouve en Viviane des valeurs humanistes fortes et touchantes.

Viviane me confit, quand je lui demande de me parler de cette cause qu’elle défend :

« Ici en occident, il y a beaucoup ressources pour avoir une seconde chance dans la vie. De là où je viens, pour les femmes et les enfants, c’est autre chose : ils n’ont rien du tout et sont souvent proies aux menaces. Il n’y a pas de ressources existantes pour eux. Par cet organisme, je défends principalement les enfants des femmes victimes de violence conjugale. Là-bas, on dit malheureusement trop souvent aux femmes qu’elles n’ont pas le droit de quitter leur mari même si celui-ci se comporte mal et qu’elles se font frapper. À mon sens, elles ont les mêmes droits que toutes les femmes. À chaque évènement que je réalise, je donne un pourcentage des billets vendus pour aider les victimes de violence conjugale au Cameroun. »

Elle ajoute : « Moi, toute seule, je peux faire une toute petite part, mais ensemble, on est capable. C’est en se regroupant et en s’entraidant qu’on va y arriver. Il faut emmener ces femmes à comprendre que même si elles ne sont plus mariées, il faut aider les enfants. J’ai envie d’installer un processus de parrainage pour que ces enfants comprennent que même si, par exemple, tu n’as pas reçu l’amour de ton père, tu peux avoir l’amour d’un ami et il est possible que ce soit une personne que tu ne connais même pas qui changera ta vie ».

Quand je demande à Viviane ce que je peux lui souhaiter pour son futur, sans hésitation, elle me répondra : « Beaucoup de succès! » Et elle le mérite grandement!
Viviane travaille très fort pour partager sa culture à travers les évènements qu’elle crée. Présentement, m’explique-t-elle, tout est en construction : « Lorsque je fais un évènement, mon but est de faire voyager les gens, de partager ma culture et pour partager ma culture, ça me coûte beaucoup plus cher que ce que je demande et, de plus, je fais venir beaucoup de choses de l’Afrique(…) J’aimerais gagner ma vie avec l’entreprise OKavi. Je suis une passionnée, une femme d’idées, et il faut que je les mette sur pied pour que les gens puissent comprendre: «Ah, c’est de cela dont elle parlait!» Je suis toujours en train d’avancer avant le temps et j’ai hâte de faire voyager et rêver les membres de votre association dans le mois d’août. Ils vont comprendre qu’il y a beaucoup de richesses en Afrique et pas juste de la pauvreté. Moi, je suis devenue canadienne et je paye mon visa pour aller en Afrique mais je reste africaine dans l’âme et c’est important pour moi de partager ici, avec vous, l’une de mes plus grandes richesses : ma culture africaine qui ne me quitte jamais où que j’aille ».

Merci Viviane pour ces précieux partages et c’est avec plaisir que nous t’accueillerons à Rimouski pour vivre avec toi une rencontre régionale estivale mémorable. Bonne continuité dans tes projets et bons succès à toi!