Aller au contenu

Parfum de saison

Par Véronique Jean

L’air est chaud, moelleux et salé. L’odeur du pain de ménage de ma mère. Si seulement je pouvais croquer le vent.

Je ferme les yeux. Une chaleur inonde la peau de mon visage. La lumière du four. Le pain gonfle.

Mes orteils se prennent dans les amoncèlements de sable. Il grignote ma peau. Des mordées dans la mie tendre. Du velours dans la bouche. Mais des miettes croustillantes partout, partout.

Le sable, les miettes de croûte laissées sur la table.

J’ouvre les yeux. Et avance. Un pied devant l’autre. Ils s’enfoncent dans les miettes. Elles sont terriblement dorées. Je soupire l’eau à la bouche.

Les vagues viennent lécher la baie. La mer se termine, parsemée de mousse blanche. Je trempe la mie chaude dans un grand verre de lait. La mie éponge absorbe le corps fluide. Je croque. Un tsunami de fraîcheur liquide se cogne contre mes dents, envahit ma bouche.

L’eau se fracasse sur les rochers. Quelques gouttelettes m’éclaboussent. Elles trouent la chaleur de ma peau.