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Entrevue

FRANÇOIS FOURNIER NOUS RACONTE LE DÉFI VISION
Réalisée par Émile Proulx
Transcrite avec Jessica Canuel-Deschênes

Émile : Bonjour à tous, ici Émile Proulx à l’appareil. Aujourd’hui, on rencontre François Fournier qui va nous parler de son expérience avec Défi Vision de Mira.

Bonjour François, comment ça va?

François : Ça va bien!

Émile : Est-ce que tu peux nous parler un peu en quoi consiste le Défi Vision avec Mira?

François nous a répondu que le Défi Vision est une course à Granby qui est organisée pour amasser des fonds pour les personnes non voyantes. Par exemple, pour quelqu’un qui veut un chien Mira. Pour participer à la course automobile, il faut des commanditaires. Pour avoir une voiture, on doit avoir amassé un montant de mille dollars. Son beau-frère et un de ses amis lui ont donné une commandite. Il s’est rendu à Granby pour la course de la fondation, qui était au courant de l’été. Il y avait 40 participants.

Émile : Pourquoi ça t’a intéressé d’aller faire cette course-là?

François : De un, je suis un gars qui est très moteur, les voitures ont toujours été une passion pour moi, donc c’est sûr que ça m’a intéressé énormément de participer.

François nous a dit qu’il est facile de penser que ça va être facile, mais que quand tu es dans le noir total, conduire une automobile, ce n’est pas évident.
François a fait la course avec un copilote assis à côté de lui qui lui disait de tourner à gauche, tourner à droite… Afin de l’aider, François avait apposé du tape sur son volant pour avoir des repères. Quand l’heure du départ est arrivée, il était le quinzième sur quarante voitures. Il y avait deux rangées de vingt. Comme il était le quinzième, il y avait encore 25 voitures en arrière de lui.

François : Quand on est parti, j’étais à l’intérieur de la piste. Une piste de course, ça tourne toujours vers la gauche. J’avais un Honda Civic quatre portes, je pense que c’était une 2000 ou 2001. Quand on est parti, mon copilote m’a dit que je pouvais me tasser à onze heures, car il y avait de la place pour passer en avant des autres. Mais, il n’y avait pas juste moi qui y avait pensé. Quand on a décollé, ça a commencé à me rentrer dedans. C’est devenu un Derby de démolition. La course est normalement de dix tours en trente minutes, mais j’en ai fait que quatre. Je me suis fait sortir après le quatrième tour quand une voiture m’a entré dans le derrière. J’ai viré de travers dans la piste de course dans une courbe et j’ai tapé dans le bas d’un mur, les deux sacs gonflables se sont déployés et le moteur s’est arrêté. Normalement, les sacs gonflables auraient été supposés être débranchés, mais ils ne l’ont pas été. J’entendais un autre char qui s’en venait dans le croche et j’ai dit qu’il allait nous rentrer dedans. En effet, il nous a entrés dans la porte du chauffeur et dans l’aile droite. J’ai dit à mon copilote : moi je sors d’ici, ça sent l’antigel. Mais, il m’a répondu que je ne pouvais pas sortir parce que l'autre char m’empêchait de sortir.

J’ai trouvé ça dangereux, parce que ce ne sont pas des voitures qui sont toutes de la même grosseur et de la même pesanteur. Tu fais un tour et puis boom un pare-chocs et boom un silencieux. Les chars se défont. Il y en a qui n'ont pas fait un tour, d’autres un demi-tour, mais moi j’ai fait quatre tours sur dix. Il y en a seulement un qui a fait ses dix tours.

Émile : Mais sinon, en général, si on parle de l’organisation, est-ce que c’est bien fait?

François : Oui c’est bien fait, tu sais, il n’y a jamais eu de mort là.

Par contre, François croit qu’il serait facilitant pour les participants qu’il y ait moins de voitures dans la course. Et il se trouverait sûrement une autre stratégie de course. Au lieu de se dépêcher à faire les manoeuvres, il prendrait son temps. Comme au début de la course les voitures se tapotent toutes, c’est difficile.

« Disons que si je refaisais la course aujourd’hui, partir dernier ne me dérangerait pas. Je les laisserais se taponner et je m’en irais à l’extérieur pour faire le tour. La course se transforme vraiment en Derby de démolition. Mon Civic à la fin ce n’était plus un Civic, mais un Mini Austin. Il n’avait plus de pare-chocs en avant ni en arrière, le panneau de la valise restait ouvert, etc. »

Émile : Sinon, si une personne veut participer, quelles sont les démarches qu’elle doit faire?

François nous explique que la démarche principale est d’appeler la fondation Mira. À partir de là, on est guidé à la personne-ressource qui s’occupe de ça. Après vient la recherche de commanditaires parce que pour avoir une voiture, on doit mille dollars.

Le Défi Vision est inséré dans la programmation régulière d’une course automobile à Granby. La course Mira se fait dans l’intermission. Durant la course, la fondation amasse des dons dans la foule. Cette année-là, ils auraient ramassé une vingtaine de mille de dollars, qui servent à attribuer des chiens-guides et autres choses.

« Je me dis des fois que si les gens donnaient autant pour les yeux qu’ils donnent pour le cœur ou pour le cancer, probablement que la recherche pour les yeux avancerait encore plus. »

Émile : Sinon, qu’est-ce que cette journée-là t’a apporté?

François : J’ai fait la connaissance d'autres non-voyants comme moi là-bas. J’ai aussi rencontré des vedettes, par exemple Mario Jean, un humoriste. J’y ai parlé et je le lui ai conté une histoire ou deux! Il était le porte-parole de la journée. J’ai aussi rencontré les chanteuses Élisabeth Cossette et Nadja. Il y a beaucoup de fraternité là-bas aussi.

Émile : Pour terminer, on aimerait encourager Jimmy Turgeon Carrier, qui est un de nos membres à l’Association, qui va participer à la course Défi Vision de Mira, le 12 août prochain. Est-ce que tu aurais un message à lui dire?

François : Jimmy, je le connais, je lui ai parlé à notre dernière Assemblée générale. Je l’encourage à y aller, c’est quelque chose d’intéressant à faire, moi j’ai bien aimé ça. Si c’était à refaire, partir dernier ne me dérangerait pas et je circulerais sur la piste à l’extérieur. Faut pas que le copilote soit nerveux et tu ne dois pas aller plus vite que trente ou quarante kilomètres à l’heure. Même à trente kilomètre-heure, si tu te fais rentrer dedans et que tu es arrêté, j’peux dire que ça cogne!

Émile : Donc si tu avais deux conseils à dire à Jimmy, ça serait de tenir l’extérieur et d’y aller avec un système de cadran sur le volant!

Je remercie grandement François d’avoir accepté de nous raconter son aventure à Défi Vision. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour vous souhaiter un bel été à tous!