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Parfum de saison

CARPE DIEM

Par Véronique Jean

Je claque la porte et dévale les escaliers quatre à quatre. Un soupir bruyant s’échappe de mes lèvres. Il a le don de pilonner mes nerfs. Je resserre mon manteau et replace mon foulard. Quelque chose de froid et liquide me tombe sur la tête. Et une autre. Et encore une. Et puis des millions de ces choses froides et liquides coulent à flots du ciel. Elles glissent sur les feuillages qui brunissent ou rougissent à vue d’œil devant des amoureux. Elles tombent sur les joues des enfants qui sautent dans les flaques. Elles s’allongent dans les vitres des voitures de conducteurs aux sourcils froncés. Des piétons courent vers les abris-bus, se servant de journaux ou mallettes comme couvre-chef provisoire. D’autres avaient prévu le coup. Ils marchent tranquillement, bien abrités sous leur parapluie, sourire fendu jusqu’aux oreilles. J’emplis mes poumons d’air. Il sent la terre. Pas de cette terre terne et presque grise, non celle riche et noire à souhait fraîchement labourée dans les champs. Une odeur de renouveau. Il est peut-être temps d’apporter des changements à ma vie. Le brouillard se lève, ouvre grand ses bras et enveloppe la ville, comme une maman qui bercerait son petit homme en lui disant que… tout va bien aller.